Organisation du système médical danois
Le système médical danois est organisé selon 2 secteurs :
Il y a 3 niveaux de compétences dans le système médical :
L'immense majorité des informations contenues dans ce texte proviennent du site en Anglais, très complet, du Ministère de la santé Danois.Les mutuelles privées (souscrites par 27% de la
population) couvrent essentiellement les remboursements de médicaments
(subventionnés à 50% ou 75%), frais dentaires et physiothérapie.
Les dépenses de santé publiques et privées correspondent
à 6% du PNB.
Tous les tarifs de prestations
médicales sont fixés par les conventions collectives.
Les médecins généralistes sont rémunérés
partiellement par tête et partiellement par consultation. Spécialistes
et dentistes sont payés à la prestation.
Les quelques 300 pharmacies
s'installent sur la base d'autorisations publiques délivrées
par le Ministère de la Santé. Ces autorisations sont limitées
en nombre et délivrées de façon à obtenir une
couverture géographique équilibrée
dans tout le pays. Les patients ne payent que le tiers payant pour les
médicaments, et ceux-ci ont un prix unique dans tout le pays.
Pour contrer les augmentations des dépenses pharmaceutiques de ces dernières années, les médicaments sont remboursés sur la base du moins cher d'une catégorie de médicaments équivalents (médicament générique). Depuis le 1er janvier 1996, les antibiotiques ne sont plus remboursés qu'à 50% (contre 75% auparavant). Le but est de réduire la prescription d'antibiotiques à grand spectre, chers et entrainant des résistances, au profit d'antibiotiques à spectre étroit.
Anecdote personnelle : allant voir mon médecin
danois attitré pour une belle angine et un rhume débutant,
il a fait un prélèvement et l'a testé sur une machine
de format carte de crédit. Ne détectant
aucun germe, il m'a dit de prendre mon mal
en patience et que cela serait fini dans une semaine. Face à
mon insistance, il m'a prescrit UN unique médicament
contre le rhume. Il va sans dire que pour la même pathologie en France,
je serais ressortie avec une ordonnance de 6 ou 7 médicaments différents,
soit 100 à 300F de dépenses pharmaceutiques. Et bien sûr,
le risque de développer à terme des résistances aux
antibiotiques classiques, en ayant pris sans que cela ne soit vraiment
nécessaire. Question de culture : un patient
français ressortant sans ordonnance se sent souvent frustré
ou mal soigné...
Etat de santé général au Danemark
Les Danois se considérent majoritairement en bonne santé (80% se déclarent en très bonne ou bonne santé, et ils sont encore plus de 50% à en dire autant chez les plus de 75 ans!). Quant à l'espérance de vie, les pays scandinaves étaient leaders européens en 1960 (74,1 ans pour les femmes et 72,3 ans pour les hommes au Danemark contre respectivement 73,6 ans et seulement 67,0 ans en France).
Depuis, le Danemark est passé en queue de peloton (77,6 ans pour les femmes et 72,3 ans pour les hommes). Explication avancée par le Ministère de la Santé danois : le taux élevé de la mortalité, particulièrement chez les femmes entre 35 et 64 ans, est dû à un accroissement du nombre de cancers du sein et du poumon, des maladies cardio-vasculaires et des maladies causées par l'alcool. Point intéressant : l'écart entre l'espérance de vie des hommes et des femmes est plus faible au Danemark que dans les autres pays. Peut-être parce que les deux sexes mènent un mode de vie identique, à l'opposé des latins...
Quant à la mortalité, elle est principalement
due au Danemark à : l'ischemia, des problèmes vasculaires
dans le cerveau, des cancers généralisés et des cancers
du poumon. Beaucoup de décès (comparé aux autres pays
de l'UE) sont causés par une cirrhose,
des affections des bronches et de l'asthme. Le nombre de suicides,
bien qu'ayant baissé depuis 1960, reste plus élevé
que dans les autres pays de l'UE.
Les hôpitaux somatiques danois étaient au nombre de 83 en 1994, contre 117 en 1980, et les hôpitaux psychiatriques sont passés dans le même temps de 16 à 13 (à mettre en perspective avec les 5,2 millions d'habitants). La capacité en nombre de lits a également largement décru : de 9352 en 1980, ils sont passés à seulement 4259 en 1994. La durée d'hospitalisation a aussi nettement baissé, et le traitement de patients en ambulatoire ou par des médecins en cabinets (donc hors de l'hôpital) a été encouragé.
Depuis le 1er janvier 1993, le patient peut choisir l'hôpital dans lequel il sera traité. Cela peut-être un hôpital public ou un petit hôpital spécialisé géré par une association et agréé par l'autorité publique. Il existe également des hôpitaux privés en dehors du service de santé publique, mais ils ne représentent que 0,2% du nombre total de lits.
Echos obtenus auprès de plusieurs danois : les
hôpitaux manquent de lits et de chirurgiens, il faut souvent
attendre un an ou deux pour une opération assez simple, et des patients
vont parfois se faire opérer à l'étranger en désespoir
de cause!
Droits
des patients
Un certain nombre de lois a été voté
au Danemark pour protéger les droits des patients et leur donner
la possibilité de se plaindre et d'obtenir d'éventuels dédommagements
(en France, cela reste assez théorique, face à la solidarité
habituelle du corps médical, là-bas, cela semble vraiment
appliqué...).
Les médecins doivent informer le patient sur sa maladie, les possibilités de traitement et les effets secondaires, afin d'obtenir son "consentement éclairé". Rien d'extraordinaire, sauf que... cela est-il toujours appliqué dans beaucoup de pays, à la réflexion ? Il est aussi possible de signer un "testament de vie" qui indique le niveau de souffrance, les traitements et le temps pendant lequel on souhaite être maintenu artificiellement en vie, au cas où l'on ne serait plus en état de communiquer.
Tout patient a le droit de consulter gratuitement son casier médical (en France, seul un médecin est habilité à le faire, me semble-t-il). Le personnel médical a l'interdiction de divulger des informations sur les patients. Elles ne peuvent être communiquées à un autre médecin ou une autorité médicale que si le patient y consent (en France, on tend plutôt à rendre les informations médicales accessibles à chaque médecin qu'un patient consulte : logique pour des soins optimaux mais délicat par rapport à la liberté individuelle...).
A noter : un fond spécial de dédommagement
a été créé pour les hémophiles séropositifs
et les personnes contaminées lors d'une transfusion sanguine.
Prévention
La prévention est une des
priorités du Ministère de la Santé, notamment
dans le cas de grandes affections sociales comme les cancers, les maladies
cardio-vasculaires et les allergies.
Ainsi, le sport est encouragé et beaucoup de Danois font du jogging, du vélo ou pratiquent d'autres sports. La nutrition est aussi importante, et si poissons et pommes de terre sont abondamment dégustés, les saucisses, glaces et autres monstruosités diététiques sont également très prisées...
Depuis mai 1995, une loi interdit de fumer dans les transports publics, les institutions, les hôpitaux, les lieux de travail et pièces ouvertes au public, et dans les locaux des autorités municipales, régionales et nationales. De plus, des campagnes d'information sur les méfaits du tabac, surtout à destination des jeunes, des enfants et des femmes enceintes, existent. Les cigarettes vendues ne peuvent dépasser 15 mg de goudron et la publicité sur le tabac est interdite à la télévision et la radio.
La grande taxation sur les cigarettes, le tabac et même le papier à rouler (2 fois plus cher qu'en France!) doit aussi avoir un effet dissuasif : 28F le paquet de cigarettes danoises et environ 34F le paquet de cigarettes étrangères (mâchez et fumez danois... ;-) ), ça calme les ardeurs fumeuses! Au final, peu de jeunes fument, si l'on compare avec la France.
Quant à l'alcool, il est aussi très lourdement taxé : le vin est très apprécié mais 30% plus cher qu'en France (donc les Danois boivent plus de vin espagnol, chilien, voire bulgare, bon marché, que de vin français...) et les alcools forts inabordables (environ 80% plus cher qu'en France!). Résultat : comme dans tous les pays scandinaves, on boit énormément (essentiellement le week-end), mais surtout de la bière. D'ailleurs, tout le monde vous dira que la seule phrase vraiment importante à savoir en danois est celle qui sert à commander un demi!
Les messages de prévention et d'information sur le SIDA semblent passer mieux au Danemark que dans les pays latins. Cela doit venir de l'éducation protestante... En théorie, mais aussi en pratique, il semblerait que la quasi-totalité des Danois, du moins les jeunes, utilisent systématiquement un préservatif lors de relations sexuelles.
Une mineure peut se faire prescrire un contraceptif sans avoir à demander une autorisation parentale (dans beaucoup de pays, nombre de grossesses d'adolescentes pourraient être évitées par cette simple mesure!). L'avortement est légal. Si la tant vantée "liberté sexuelle des Scandinaves" est plus un mythe qu'une réalité, les danois paraissent en tout cas culturellement moins hypocrites et honteux, et les relations sexuelles d'un soir sont courantes et non connotées négativement (une française serait traitée de pute ou de salope pour moins que ça!).
Le Danemark déclare environ 10000 drogués. La moitié suit un traitement à base de méthadone, mais bénéficie également d'une aide sociale globale pour aider au soin et à la réintégration dans le corps de la société.
Quant aux grossesses, elles
sont suivies médicalement, avec conseils sur le mode de vie (travail,
alimentation, usage de stimulants), échographies, et amniocentèse
pour toute femme susceptible d'être malade ou de plus de 35 ans.
Plus étonnant : on peut choisir d'accoucher
soit à l'hôpital soit à la maison!
Beaucoup de projets de recherche médicale sont menés au Danemark et un Comité d'Ethique Scientifique existe depuis la fin des années 70. Il est très strict, non seulement avec les experimentations sur l'Homme, mais aussi avec les expérimentations animales. Les contrôles sont extrémement fréquents, les coûts très élevés (environ 70F pour un rat de laboratoire contre 8F en France, m'a-t-on dit) et les protocoles particulièrement rigoureux.
Les questions portant sur le statut des oeufs fertilisés et des embryons, les expériences génétiques sur les cellules sexuelles et les nouvelles techniques de diagnostic précoce sont rigoureusement étudiées.