Bétisier
involontaire des citations sur les femmes
Le mois dernier, je
vous ai parlé de sexe en parcourant un dictionnaire des synonymes.
Ce mois-ci, je vais m'appuyer sur mon vieux dictionnaire des citations.
Et le mois prochain, il ne me restera plus que l'annuaire ! Donc, profitez
de ce mois-ci... ;-)
J'ouvre mon dictionnaire
des citations à la page "FEMME". C'est assez instructif : on y voit
ce qui a été retenu de plus marquant au travers des siècles
et des pays. Beaucoup de conneries ont été dites, c'est sûr.
Mais le plus fort, c'est de voir la sélection qui a été
retenue !
"Lorsqu'une femme te
parle, souris-lui et ne l'écoute pas."
(Ly-Kin ou Livre des Rites)
Le pire, c'est que ce n'est pas du Guitry, juste de la "sagesse" orientale...
Donc une femme est un joli objet et doit se taire. Si elle commet la faute
de goût de s'exprimer, il ne faut pas tenir compte de ce qu'elle
dit. En revanche, on dit des chiens "qu'il ne leur manque que la
parole". Ce qui implique que beaucoup d'hommes préféreraient
discuter avec leur clébard qu'avec une femme... Ça fait toujours
plaisir !!!
"Les femmes acceptent
aisément les idées nouvelles, car elles sont ignorantes;
elles les répandent facilement, parce qu'elles sont légères;
elles les soutiennent longtemps, parce qu'elles sont têtues."
(J.-A. de Ségur, Les Femmes)
Donc un homme qui accepte une idée nouvelle est ouvert d'esprit,
précurseur, pionnier, mais une femme dans la même situation
est ignorante. Remarquez, c'est rassurant, il n'ose pas écrire "stupide".
Mais il oublie de dire que les femmes étaient ignorantes parce qu'on
les VOULAIT ignorantes. C'est sûr qu'en ne leur apprenant que le
piano et la broderie, elles risquaient peu de se rebeller contre leur statut
d'éternelle mineure (soumise au père puis à l'époux)
! Et s'il les dit "légères", c'est parce qu'on ne leur permettaient
que d'être frivoles, sauf rares exceptions... Et donc, un homme qui
soutient une idée, c'est un homme qui a des convictions, alors qu'une
femme n'est qu'un âne têtu... Un peu facile, non ?
"Les femmes sont l'âme
de toutes les intrigues, on devrait les reléguer dans leur ménage,
les salons du Gouvernement devraient leur être fermés."
(Napoléon, cité par Roederer)
En gros, elles ne doivent pas faire de politique, car tout ce qu'elles
savent faire, c'est foutre la merde. Qu'elles restent donc à la
maison et laissent les hommes décider pour elles. Reléguer,
c'est éloigner, mettre à l'écart, et mon vieux Larousse
donne cet exemple : "reléguer un meuble au grenier". Vous savez
ce qu'il vous dit, le meuble ???
"On a raison d'exclure
les femmes des affaires publiques et civiles; rien n'est plus opposé
à leur vocation naturelle que tout ce qui leur donnerait des rapports
de rivalité avec les hommes et la gloire elle-même ne saurait
être pour une femme qu'un deuil éclatant du bonheur."
(Mme de Staël, De l'Allemagne)
Mais qu'est ce qu'elle nous dit, cette débilasse ? dans la bouche
d'un homme, on est habituée (même si on ne le devrait pas
!!!), mais dit par une femme ! Heureusement qu'elle passe pour une femme
éclairée... qu'est ce que ce serait sinon !!! La femme n'est
donc pas une citoyenne, puisqu'elle est exclue des "choses publiques" (étymologie
de "République") et des affaires civiles ("qui concernent les citoyens",
dit mon Larousse). Citoyenne de seconde classe, quoi... Alors, la femme
lesbienne et sans papiers, elle appartient à quelle classe ? Et
puis, si ma "vocation naturelle" n'est pas de faire la guéguerre
contre les hommes, je ne me sens aucune vocation à faire bobonne
! Quant à la dernière partie de la citation... pourquoi la
gloire ("honneur, renommée brillante que méritent les vertus,
les talents, les grandes actions, etc.") serait antinomique du bonheur
pour une femme ??? Ah, le bonheur de la bonne ménagère, c'est
de savoir faire un bon pot au feu, alors ?
"Et, plus ou moins,
la Femme est toujours Dalila." (Alfred
de Vigny, Les Destinées) Donc, tel
Dalila, toute femme est celle qui séduit l'homme, le détourne
de son devoir, et lui vole par ruse son pouvoir. Une castratrice sournoise,
quoi !
"La femme, enfant malade
et douze fois impur." (Alfred
de Vigny, Les Destinées) Mais c'est
qu'il récidive, en plus !!! Donc une femme n'est pas une adulte,
même pubère. Elle porte des enfants qui resteront des enfants
dans le cas des filles et deviendront des adultes dans le cas des mâles...
quel étrange paradoxe ! Elle n'est pas seulement une éternelle
enfant, mais est carrément une "enfant malade" !!! Je vous le jure,
cette phrase mémorable est issu d'un dictionnaire des citations
et non d'un bêtisier ! Quant aux "douze fois impur", ce n'est pas
une idée nouvelle : l'Ancien Testament dit déjà que
la femme est impure pendant ses règles et les 8 jours suivants.
Nulle sagesse là-dedans, juste de la stratégie pour faire
tomber les rapports sexuels autorisés au moment de l'ovulation (ben
vous ne croyez tout de même pas que la religion allait vous laisser
forniquer pour le plaisir, gros naïfs !) S'ils avaient compris ça
à l'époque de l'Ancien Testament, en tout cas Alfred de Vigny
semble ignorer que les mois menstruels font 28 jours, et que 28*13, ça
fait 364... Mais bon, "treize fois impur", ça aurait vraiment trop
ressemblé à une malédiction... ! ;-)
"Depuis Adam, il n'y a
guère eu de méfait en ce monde où une femme ne soit
entrée pour quelque chose" (W.-M.
Thackeray, Le Livre des Snobs) Ben voyons
!!! Donc Attila, Hitler, Mussolini, Staline, étaient des travelotes
? Anne Sylvestre a bien raison de chanter
dans La faute à Eve :
"Mais si c'est la faute à Eve
Comme le Bon Dieu l'a dit
Moi je vais me mettre en grève
J'irai pas au Paradis
Non mais, qu'est-c'qu'il s'imagine
J'irai en Enfer tout droit
Le Bon Dieu est misogyne
Mais le Diable il ne l'est pas !"
Remarquez, c'est pas
mieux dans l'Islam : "Vos femmes sont pour
vous une terre labourée; allez comme vous voudrez à votre
labourage" (Mahomet,
Le Coran) Sans commentaire...
Vous pensez avoir lu le
pire ? Mais non, il y en a encore ! "Les femmes
ne sont que des organes génitaux articulés et doués
de la faculté de dépenser tout l'argent qu'on possède."
(William Faulkner, Moustiques)
De quoi ose-t-il se plaindre ? Il considère les femmes comme des
putes et se plaint de devoir les payer ? C'est la moindre des choses au
moins : il ne les respecte pas en tant qu'êtres humains, donc leur
donner un prix leur donne peut-être au final une "valeur" à
ses yeux...
Encore une citation pour
la route ? "Sphinx, hydre, lionne, vipère,
qu'est-ce que tout cela ? Rien devant la race exécrable des femmes
!" (Anaxilas)
Je pensais que les femmes formaient un sexe ou un genre... mais pour certains
c'est une race à détester...
Il a eu trop de fessées enfant, celui-là ? Ou sans doute
pas assez...
"Entre le Oui et le Non
d'une femme il n'y a guère de place pour une épingle"
(Cervantes, Don Quichotte)
Je le croyais plus éveillé, ce monsieur. Mais bon, quand
on voit que son idéal de Dulcinée est une prostituée
raillée... Malheureusement, ce type d'"idées" est toujours
d'actualité et beaucoup TROP d'hommes pensent encore qu'une femme
qui dit Non pense Oui... Et quand elle pense Non alors, elle doit dire
quoi ?
A l'évidence, le
rédacteur de ce "Dictionnaire des Citations du Monde Entier" (collection
Marabout), Karl Petit,
pour ne pas le citer, a vraiment un problème avec les femmes !!!
Dire qu'en plus il dédicace son ouvrage à ses deux filles
! Je ne vous ai pas tout recopié, mais les rares citations positives
sur les femmes ne sont que de gros poncifs ("amour, tendresse, douceurs",
"aimer, guérir, consoler, telle est sa destination sur terre") et
sont bien loin de contrebalancer les nombreuses citations misogynes ! Bon,
d'accord, le livre date de 1960. Mais je ne suis pas sûre que j'aurais
été nettement plus réjouie avec une édition
plus récente...
La morale de cette
histoire ? Elle se trouve au mot "AIMER" : "Vivons,
ma Lesbie, et aimons, et n'évaluons qu'à un denier tout ce
que disent les vieillards bourrus." (Catulle,
Odes, V.)
Charlottem.
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