Ca y est. Tout est dit. Les Américains, c'est comme les champs de patates et les thaïlandaises prépubères, faut que ça produise, faut que ça rapporte. Mais moi, ces ambitions me donnent envie de vomir. Quels esprits putrides oseraient les ériger en idéal de vie, en idéal de société? Oui, c'est facile de critiquer. Mais je propose un choix différent : la quête de l'épanouissement et du bonheur de chaque individu. Bien sûr, cela ne viendra pas tout seul. Il est indispensable de se mobiliser. Oui, je sais, c'est la crise. Mais notez la complaisance des médias qui couvrent sans broncher les expéditions imbéciles et coûteuses de quelques misanthropes partis se saborder au large de l'Australie ou ensabler des enfants faméliques. Et ils dépensent combien ces aventuriers modernes, alors que dans nos si belles villes des êtres humains (si si) meurent de faim?
S'ils étaient héroïques (je sais, Thierry Dubois, mon quart, se défend d'en être un. Manquerait plus qu'il le prétende sans ironie, tiens!), ils iraient vivre au Val Fourré avec deux gosses et un RMI. Mais bon, il ne s'agit pas d'éthique, et encore moins de valoriser le dépassement de soi désintéressé. Non, il s'agit de rentabiliser un investissement. Quand on voit que le meilleur audimat des Jeux Olympiques d'Atlanta est dévolu à une petite bombe artisanale, il apparaît clairement que les sponsors du Vendée Globe Challenge avaient tout intérêt à voir leur poulain chavirer. Parce que franchement, et pourtant ma mère m'impose "Thalassa" tous les vendredis soirs, qui avait entendu parler de cette course avant? Et le pire, c'est que le bateau de Dubois s'appelle Amnesty International... (oeuvre humanitaire : après "Sauvez Willy", voici la superproduction TF1, F2, F3, LCI, Paris-Match "Sauvez Thierry", et Gerry Roufs en Guest-star dans 20000 lieues sous les mers).
Mais bon, on ne va pas laisser Mister President s'en tirer aussi facilement. Alors revenons à Billy C. Il refuse l'exclusion et l'intolérance. Non non, ce n'est pas du respect. Et c'est sciemment que j'évite le mot tolérance. Il connote trop la permission donnée du bout des lèvres, sous-entendant "Ca ira pour cette fois, mais tâche de ne pas recommencer...", ou rappelle les maisons du même nom, qui faisaient les joies des notables et des gangsters, à l'époque où on les reconnaissait à leurs chaussures et non au nombre de plaintes enterrées ou de magistrats recherchés en hélicoptère dans l'Himalaya.
Ce n'est pas non plus une question d'altruisme,
de morale ou d'éthique, c'est juste une question d'économie.
Ben oui, les pauvres, ça ne produit pas, ou en tout cas jamais assez.
Et ça ne consomme pas, donc rapporte toujours trop peu, du moins
avant la création de "Crazy George", qui nous ramène
au bon vieux temps des usuriers et du servage. Laissez tomber les pauvres,
de toute façon ils ne sont jamais contents : c'est tout juste s'ils
te disent merci quand tu leur fais cérémonieusement l'aumône
de vingt centimes. Vaut mieux élever un chien. C'est mignon un chien,
ça se vaccine, ça se toilette, ça se nourrit. Et puis
au prix de la boîte de Pal (où l'on recycle écologiquement
la farine de vache folle), ça laisse de belles marges aux industriels.
Quant aux homosexuels, pour Bibi Clicli, ils doivent être soutenus, je cite, "afin d'extraire le maximum de notre grande diversité." C'est comme les mines de charbon, ça salit les mains et le paysage, mais il faut extraire toutes les ressources naturelles. On presse le citron, on troque (un oeil de gamin des favelas contre le prix d'un demi-jacuzzi). Et quand, quatre pages plus loin dans le même magazine, le jeune Fayçal, homosexuel algérien réfugié en France, explique la vision des islamistes, c'est finalement pareil : "Pour eux, les homosexuels transmettent des maladies et font baisser le taux des mariages. Ils méritent donc la mort." L'improductivité comme crime suprème. Tout compte fait, religions et capitalistes parlent le même langage. Et puis il est vrai qu'enlever une jeune fille à sa famille, conclure un mariage temporaire, l'engrosser et la répudier dans la demi-heure, c'est nettement plus moral, comme comportement.
Je m'en doutais déjà, mais je viens
d'en avoir la confirmation : la contraception, la libération des
femmes, le droit à l'avortement, l'euthanasie, les droits des homosexuels,
tout cela ne dérange pas la morale des bien pensants, ou si peu.
Non, l'impardonnable c'est de faire baisser le taux, ou devais-je plutôt
dire le rendement, de la (re)production (et trois kilos de gnard pour madame
Michu. Et avec ça, un rosbif pour dimanche?) et la consommation
(une place en réanimation = 10 000F par jour). Et si les prètres
n'ont pas le droit de se marier, ce n'est pas pour mieux aimer notre Seigneur,
mais seulement une question d'argent. Comment élever tous les enfants
que le Bon Dieu voudra nous donner avec un traitement aussi faible? (J'exclue
le Pape et consorts, bien sûr, qui pourraient nourrir un pays d'Afrique
pendant un an en vendant un tableau de leurs caves privées.)
Méfiez-vous. C'est l'ère de l'ethiquonomique. Des pubs jouant sur le thème consensuel de l'humanitaire et du civisme apparaissent. Ce n'est qu'une astuce pour mieux "se vendre" (quelles putes!) : les "Galeries Lafayette" offrent 1% de leur chiffre d'affaires aux malheureux, mais s'octroient une marge de combien sur le dos des petits niaqués aux doigts si agiles? 3,2? 3,6? Il ne faut pas être dupes de leur petit manège. S'ils le font, c'est bien qu'ils y trouvent leur compte. Mais à nous de les utiliser. En tant qu"inclus" (cf Brétecher), nous devons nous montrer vigilants et lucides. Allez, je compte sur vous.
P.S. : Au fait, il paraît que la France
est la quatrième puissance mondiale. Quelqu'un pourrait-il m'expliquer
ce que cela signifie avec trois millions de chômeurs et je ne sais
combien de RMistes ? Les USA, quel bel exemple : première
puissance mondiale mais pas de sécu et un taux de sans-logis record.
The land of opportunities ?