Mon mari est parti,
avec lui tous les autres maris
Des environs
Le tien, Eléonore,
et vous, Marie, le vôtre
Et le tien Marion.
Je ne sais pas
pourquoi, et vous non plus sans doute.
Tout ce que nous savons,
C'est qu'un matin
d'octobre ils ont suivi la route
Et qu'il faisait très
bon.
Des tambours sont
venus nous jouer une aubade,
J'aime bien les tambours.
Il m'a dit :"Je m'en
vais faire une promenade",
Moi, je compte les
jours.
Mon mari est parti,
je n'ai de ses nouvelles
Que par le vent du
soir.
Je ne comprends pas
bien toutes ces péronnelles
Qui me parlent d'espoir.
Un monsieur est venu
m'apporter son costume,
Il n'était
pas râpé.
Sans doute qu'en chemin
il aura fait fortune
Et se sera nippé.
Les fleurs dans son
jardin recommencent à poindre,
J'y ai mis des iris.
Il le désherbera
en venant me rejoindre,
Lorsque naîtra
son fils.
Mon mari est parti
quand déjà la nature
était toute
roussie;
Et plus je m'en défends
et plus le temps me dure,
Et plus je l'aime
aussi.
Marion, m'a-t-on
dit, vient de se trouver veuve,
Elle pleure beaucoup.
Éléonore
s'est fait une robe neuve
Et noire jusqu'au
cou.
Pour moi, en attendant
que mon amour revienne,
Je vais près
de l'étang.
Je reste près
du bord, je joue et me promène,
Je parle à
mon enfant.
Mon mari est parti
un beau matin d'automne,
Parti je ne sais quand.
Si les bords de l'étang
me semblent monotones,
J'irai jouer dedans.