Les Danois et la tolérance      

Les gens se promènent dans les rues avec une bière entamée dans la main ou dans la poche (y compris certaines vieilles dames bien propres sur elles), et les jeunes pères sont nombreux à promener leurs enfants en berceau et poussette, en profitant pour caler dessous une caisse de bières... Au premier rayon de soleil, sur les bancs devant les immeubles, on voit familles et amis buvant une bière. A titre de comparaison, je rappelle que boire de l'alcool dans la rue est interdit aux Etats-Unis.


 
   
 

Aux abords des plages danoises, on trouve des familles qui pique-niquent en utilisant un barbecue voire en faisant un feu de camp pour y cuire les brochettes. On peut même voir des pères de famille d'origine orientale fumant le shilum (pipe à eau) mollement allongés sur un drap, entourés des femmes, toujours voilées, et des enfants.

D'ailleurs, en parlant de voile islamique, il est parfaitement toléré dans les écoles et lycées. Il y a quelques mois, une enseignante a même été renvoyée pour faute professionnelle : elle avait refusé de faire cours à des élèves voilées.

Dans les Kollegium (résidences universitaires), la tolérance prévaut aussi, souvent au détriment de la bonne éducation ou du respect des voisins, puisque les Etudiants ne se privent pas d'écouter de la musique à fond quelque soit l'heure. Et à part quelques grincheux, les voisins s'en accommodent et se rendorment à 1 heure du matin après avoir été réveillés par une chanson à boire danoise à plein volume, porte ouverte. Parce qu'ici, les étudiants ont souvent leur chambre pour plusieurs années, donc se connaissent bien et se font confiance. Ainsi, ils ne ferment généralement pas la porte à clé quand ils sont dans le voisinage, et la laissent souvent grande ouverte quand ils sont dedans.

Dans les Kollegium à cuisine commune, on se côtise par étage pour partager vaisselle, casseroles, épices et herbes arômatiques, au lieu d'acheter bêtement chacun son sachet de sel. Dans les cités U françaises, je me rappelle une amie qui s'était fait voler sa poële laissée à tremper une nuit dans la cuisine commune (deux plaques électriques et un évier), tandis que chacun achète et apporte son propre papier toilette puisque les CROUS ont renoncé depuis longtemps à en fournir dans les sanitaires communs. Et ont abandonné dans certaines résidences le téléphone (en réception seule) par étage, agacés de les voir être volés.

Le haschich est illégal, mais les policiers n'interpellent jamais un consommateur pour la possession de faible quantité (environ 2 grammes). Encore plus fort, dans le quartier libre de Christiana, à Copenhague, la Police ne rentre pas, et l'on trouve dans sa rue principale une bonne vingtaine de stands exposant savonnettes de shit et grands bocaux de marijuana de provenances diverses, ainsi que de superbes joints roulés main à acheter à l'unité. Le shopping du jour pouvant ensuite être goûté dans un des trois bars du quartier, grandes cabanes de bois chaleureuses où se cotoient dans le bruit, la fumée opaque et les jeux de société, les Christianiens, autres Danois, Groenlandais, résidents et touristes étrangers.

Un contrat d'union existe pour les couples de même sexe (une des deux parties au moins doit être citoyen danois et résider au Danemark). La loi, entrée en vigueur au 1er octobre 1989, prévoit les mêmes droits fiscaux, patrimoniaux, sociaux, successoraux etc. que les couples mariés, à l'exception notable du droit à l'adoption et au partage de l'autorité parentale.

On a pu voir, c'était fin mars 1998, sur une chaîne nationale le samedi soir à 21h un show fétichiste très suggestif (masques et tenues en latex, harnais, fouets à embout godemichet, simulation de rapports sexuels). A mon étonnement, mes voisins répondirent que cette émission était, texto, "un divertissement familial"(!), et se disaient nullement choqués par une telle programmation à heure de grande écoute.

Une radio néo-nazie émet en parfaite légalité 6h par semaine (mais toute incitation à la haine raciale est heureusement prohibée par la loi). Les quelques étudiants que j'ai interrogés m'ont répondu, au mot près, la même chose : "il vaut mieux les laisser s'exprimer, comme cela tout le monde voit à quel point ils sont stupides et ridicules. De toute façon, personne ne les prend au sérieux, on se contente d'en rire.".


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